Comment parler d’effondrement à ses proches ?

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Comment parler d’effondrement à ses proches ?

Quelques clefs pour une discussion constructive

Introduction

Cet article vise à vous fournir quelques éléments pour discuter d’effondrement avec vos proches, en proposant des pistes quant à l’art d’aborder le sujet et en débusquant les quelques travers à éviter.

Il est important de s’interroger sur la raison qui nous pousse à évoquer le sujet de l’effondrement avec nos proches. Envie de les informer, oui, mais pourquoi ? Pourquoi doivent-ils savoir ?

Souvent, nous nous rendrons compte en nous posant cette question que la réponse nous concerne directement. Oui, nous voulons qu’il ou elle sache, mais c’est principalement parce que nous sommes inquiet·e·s, que nous avons un sentiment d’urgence ou un projet à partager. Il est préférable de bien se poser toutes ces questions avant d’entamer la conversation. Être au clair sur ces points permet d’être au clair sur la manière dont nous voulons présenter les choses, mais également de ne pas en faire un sujet anxiogène.

Entamer la discussion

Il est important de savoir où en est l’autre personne dans sa vision de nos sociétés et de l’avenir. Une majorité de personnes n’est plus pleinement convaincue de la viabilité de notre modèle de société. Le but est ainsi de s’intéresser à l’autre, à ses opinions, à sa façon de voir le monde et d’interpréter les informations qu’il ou elle reçoit. 

Il convient dès lors de fournir des informations, d’apporter des nuances, dans le respect des convictions de l’autre bien sûr, et de l’aider à faire le lien entre tous les éléments. Il s’agit alors de construire une passerelle entre les représentations de chacun.

Dans ce cadre, il est important de faire les choses suivantes :

  • Maîtriser son sujet : connaître les chiffres, les faits, ne pas s’en éloigner, prévenir quand nous ne savons pas ou quand nous doutons, accepter que nos opinions ne soient pas une vérité absolue.
  • Parler de choses évidentes que tout le monde peut constater : marchés financiers, chute de la biodiversité, croissance infinie dans un monde aux ressources finies. Faire appel au bon sens, de manière simple mais irréfutable.
  • Garder en tête le fait que nous avons parcouru un chemin pour en arriver à nos opinions actuelles et qu’il est important de laisser aux autres faire le leur, et qu’il sera sûrement différent.
  • Etre prévenant.e et progressif.ve dans l’introduction des différents concepts ; ce processus de découverte peut être plus ou moins difficile à vivre en fonction de la sensibilité et de l’état de “conscience” de la personne. Il est préférable  d’accompagner les découvertes et d’inviter au dialogue, tout le temps.
  • Faire attention à l’utilisation du mot “effondrement” et éviter toutes les notions catastrophistes en général. Il s’agit de parler de la possibilité d’un effondrement plutôt que d’un événement inévitable afin d’éviter tout discours futurologiste, eschatologique, etc.

Pour que la discussion soit constructive, il est important de maîtriser certains chiffres ou faits (voir Annexe).

Tout le monde est capable de faire constater à quelqu’un que le monde va mal. Mais face à un certain public, ce ne sont que des paroles en l’air teintées d’un pessimisme désagréable. Si des chiffres récents, des faits scientifiques recoupés et des observations prouvées sont évoqués, le pessimisme deviendra du réalisme et le déni deviendra de la mauvaise foi. Or, pour ce faire, encore faut-il les avoir en tête.

En outre, la plupart des gens estiment qu’ils n’ont pas le temps de penser à l’effondrement. Il faut donc être capable de ressortir les chiffres au moment où  la personne est réceptive. Si elle se montre intéressée et qu’elle reçoit comme réponse à ses interrogations : « Je te conseille de regarder des vidéos et de lire des articles », elle répondra inévitablement : « Je n’ai pas le temps, je travaille, etc ».

Dès lors, il convient d’être capable de sortir lesdits chiffres/faits par réflexe, sans approximation ni erreur. Il faut pouvoir les dire la tête à l’envers à son voisin de grand huit qui hurle « Je vais mourir ! », pour lui répondre : « Si on continue à nier le réchauffement climatique, la planète fera bientôt 5 degrés de plus et on va tous mourir ! ». Des justifications solides, concrètes et sérieuses seront autant d’arguments tangibles à opposer aux personnes qui seraient plutôt dans le déni.

La préparation (ou survivalisme)

Pour beaucoup de gens, la découverte de l’effondrement va s’accompagner d’un premier réflexe survivaliste. C’est une étape où nous pouvons être sujet à de l’anxiété, de l’inquiétude. Le plus souvent, nos proches ne vont pas comprendre ce qui nous anime car ils ne comprennent pas la notion d’effondrement ou simplement l’ignorent car nous ne nous sentons pas prêt à leur en parler. Dans ce cadre, il est important de définir et mieux comprendre le survivalisme et sa différence avec la transition, afin de mieux l’expliquer.

Le survivalisme est une pratique ponctuelle qui vise à améliorer ses compétences pour se débrouiller dans un environnement désolidarisé de toute société. Il s’agit de survivre en attendant de retrouver une organisation qui permette à nouveau de vivre. La notion de survivalisme est fortement associée à l’image de gens occupés à stocker dans leur bunker des réserves de boîtes de conserves et de munitions pour leurs armes à feu.

Le survivalisme en 2019 est cependant une notion bien plus complexe que cela. Il doit être vu comme une forme plus poussée de prévoyance. Dans la vie courante, nous assurons notre maison contre le feu et l’inondation,  nos voitures contre le vol, et notre vie contre des incidents ou la mort. Nous acceptons de payer pour nous prémunir contre ces éventualités. Pourquoi ? Parce que nous avons tous en tête les accidents de voiture, les dommages, etc. Nous avons accepté l’idée que cela puisse arriver.

Mais se préparer ne veut pas seulement dire faire un stock de nourriture ou un sac d’évacuation. Une bonne manière de présenter la démarche à ses proches est aussi d’insister sur les multiples compétences que l’on peut acquérir. Le survivalisme peut vous emmener vers la cuisine, le jardinage, le camping, les randonnées, la connaissances des plantes sauvages, etc.

C’est donc un gain en compétences, en pouvoir d’agir. Nous faisons des choix importants pour nos vies au lieu de nous laisser porter. L’anxiété provient de la sensation de ne pas être prêt à affronter des événements difficiles à cerner : savoir que tout le monde est en mesure de faire face à des problèmes concrets divers (pénurie d’eau, d’alimentation, d’énergie, etc.) permet d’être plus serein. La préparation n’est pas anxiogène, c’est même souvent un soulagement pour beaucoup. Même si nous nous en tenons à une liste de choses à cocher, établir la liste permet de réfléchir à ce que l’on veut pour plus tard. Cocher les éléments les uns après les autres permet de se sentir acteur dans un monde qui nous dépasse quelque peu. Sans se lancer dans de grandes réalisations, nous avançons lentement, à notre échelle, pour se construire un avenir souriant.

La transition vers un mode de vie résilient

La résilience est la capacité d’un système à survivre de ses maux. Un mode de vie autonome est ainsi très résilient. Cependant, pour qu’une telle pratique ait un impact, elle ne doit pas être isolée et occasionnelle. La transition vers un mode de vie autonome n’est pas une pratique ponctuelle pour survivre. Il s’agit d’une véritable prise de conscience : la société pourrait être plus durable si elle s’articulait autrement, alors pourquoi ne pas s’engager pour un nouveau futur ? Ce futur n’est pas encore perdu, mais il doit s’organiser dès maintenant. Il faut s’intéresser aux bases de la vie en société pour construire un système durable : l’énergie, la nourriture, l’eau, les différents savoirs-faire, le partage. 
Faire sa transition, c’est progressivement ré-apprendre à vivre, et créer le futur des possibles. Différentes formes sont possibles et souhaitables : un collectif, une communauté autonome, une installation agricole (ferme), une base survivaliste permanente, ou encore un réseau urbain avec des équipements résilients.

L’étape suivante, après la prise de conscience d’un problème et les premiers réflexes survivalistes, sera en général de vouloir embrayer sur la transition vers un mode de vie globalement plus résilient. C’est dans un avenir différent de celui imaginé auparavant que nous pourrons trouver l’apaisement.

Dans le cadre d’un couple, ce futur s’imagine à deux et il faut alors jongler entre des visions à court et à long terme, selon le fonctionnement de chacun. Certaines personnes ont besoin de projets précis, concrets, avec une temporalité claire ; d’autres ne veulent pas se sentir enfermées dans un carcan planifié à l’avance dans les moindres détails.

Un mode de vie résilient s’entend donc comme une situation où nous serons en mesure de nous adapter et de réagir à différents problèmes, s’ils arrivent. Il est illusoire de vouloir tout contrôler et le but n’est d’ailleurs pas forcément de se mettre en situation de n’être affecté par aucun aléa de la vie et de nos sociétés, mais juste d’être en mesure de s’en remettre. Il s’agit essentiellement de diminuer notre dépendance à des éléments se trouvant complètement hors de notre sphère d’action. Cette réduction peut se faire de nombreuses manières :  de chercher à se libérer de toute attache matérielle, à s’installer et s’investir dans un lieu autonome. L’éventail est vaste et doit correspondre aux envies de chacun.

Il ne faut jamais oublier de vivre avant de survivre. Cette transition doit être imaginée au sens large et pas seulement sous le prisme d’un éventuel effondrement :

« dans le pire des cas, l’effondrement aura lieu et nous serons autonomes et préparés. Dans le meilleur des cas, il n’y auras pas d’effondrement mais nous aurons une vie plus juste et plus saine pour nous et nos enfants »

Conclusion

Si le processus de transition tend à être satisfaisant, il ne se déclenche qu’après une prise de conscience qui peut être difficile à vivre. Écoute et dialogue sont les mamelles d’une transition à plusieurs qui se doit de tenir compte des besoins et des inquiétudes de chacun.  Prenez le temps d’interroger vos visions du monde, vos convictions et vos aspirations, et ne vous arrêtez pas de vivre : le futur ne sera pas toujours tout rose, mais il pourrait être plus satisfaisant que le monde actuel.

ANNEXE : Quelques outils

One thought on “Comment parler d’effondrement à ses proches ?

  1. je suis très heureux de vous avoir trouvé mémé si ce n est pas suffisant,mais avec ce sujet je me sent un peut seul.Je peux en parler a ma femme,elle comprend et ont fait des petits gestes mais je voudrais faire tellement plus.La elle ne me suis plus.J ai parlé a mes trois enfants d écologie mais c est tout.Bien sur ,je sais qu il ne faut pas leurs faire peur , je ne leur dirait pas qu,il y a de forte chance qu ils aient une vie très différente de la notre,nous inclus mais vieux et qu il vaut mieux pas faire d enfant.

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