Une réponse à l’article de MTL contre info.

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Une réponse à l’article de MTL contre info.


Le monde dans lequel nous avions l’habitude de lutter est en train de changer, c’est un fait. La pandémie de COVID19 nous repousse dans nos derniers retranchements tant politiques que personnels. Et il est vrai qu’après un an d’attente ou d’actions limitées, à subir les prises de décisions en demi teinte des gouvernements qui n’hésitent pas à appliquer sévèrement des mesures qui ne fonctionnent pas, mais aussi à lire un flot d’informations continue sur des réseaux médiatiques (TV et internet) surchargés où l’information fiable se perd, la confusion règne. On ne sait même plus où donner de la tête. Pendant ce temps là les plus riches ou privilégié.es se permettent d’applaudir aux fenêtres et de visiter leur maison secondaire à la campagne, histoire de passer un confinement “tranquille”, pendant que nous, nous crevons à la tache ou d’ennui faute de travail et de lien social. La colère gronde.

Mais cette colère aussi légitime soit elle (surtout qu’elle ne date pas d’hier), se doit comme toujours d’apporter une critique valable à la société capitaliste et à l’État. Et pour se faire, parmi toute la désinformation qu’on trouve nous devons soudain faire un travail de tri entre les critiques réelles, basées sur des arguments valables, et les théories fantaisiste, nourries par certains capitalistes patentés, et heureux de trouver, encore une fois, des allié.e.s dans le rang des travailleur.euse.s. C’est pourquoi lire des articles comme celui la (https://mtlcontreinfo.org/sur-la-reponse-anarchiste-a-la-pandemie-mondiale/), propagé par des réseaux anarchistes, rend la tâche de certain.e.s. camarades d’autant plus ardue.
C’est un texte bien écrit et qui fait appel à beaucoup de sentiments très ancrés dans la tradition anarchiste, et se faisant, rend ses arguments plus recevables. Mais peut-être un peu trop. Nous vous proposons un petit exercice critique.


Dès le début nous avons le droit à une division entre “ceux qui croient en une vie pleinement autonome et libérée” et ceux qui “se conforment ainsi aux mandats des technocrates et des politiciens” refusant de fait d’être en accord avec la majorité des études scientifiques, nous allons y revenir. Cela ne prend pas en compte le fait que nous n’avons pas besoin d’une menace de l’État pour faire en sorte de respecter un confinement (en temps qu’anarchiste ou pas). Dans le contexte, rien n’empêche de confiner et de critiquer les réponses de l’État car c’est bien de ça dont il est question.  Aller dans le même sens n’est pas une approbation. Sous entendre le contraire est fallacieux. Et malheureusement ce n’est pas le seul argument qui laisse à désirer. En effet nombre de points qui auraient pu être véritablement sujet à débat se retrouvent recouverts d’une couche qu’on ne retrouve d’habitude que chez les “conspirationnistes”, et à l’extrême droite.


Des arguments tels que : “La science n’est absolument PAS une question de consensus” ou encore “Il est absolument faux de suggérer qu’il existe une compréhension totale et irréfutable de ses caractéristiques et de sa dynamique, et que tous les scientifiques, chercheurs et médecins du monde entier sont d’accord sur la politique publique à adopter pour le combattre.” Montre que le(s) auteur.ice.s ont un parti pris qui biaise leur jugement. Ce n’est pas un mal en soit mais c’est un mal de ne pas y répondre ou de ne pas le reconnaitre. Non, en effet la science n’est pas un consensus. Par contre un grand nombre d’études qui vont dans le même sens CRÉE un consensus, ce qui est le cas ici (encore une fois, nous y reviendrons plus tard). Si on le renie pour la Covid on peut le renier pour le changement climatique, la nocivité de l’amiante ou de la nicotine. Voici la pente dangereuse à laquelle nous devons faire attention. Et bien évidement, nous n’avons absolument pas besoin de l’approbation de 100% des médecins/scientifiques pour agir. C’est un parallèle à faire avec l’écologie, car c’est un argument utilisé par les capitalistes pour contrer les mesures qui ne vont pas dans leur sens et qu’ils soutiennent avec des arguments comme quoi “la communauté scientifique n’est pas d’accord sur le sujet” alors que le ratio est de 98/2.De plus, certains arguments ne le sont même pas, ce sont des jugements de valeurs tels que : “des experts enfermés dans des laboratoires utilisant des méthodes ésotériques soient les seules voix qui génèrent des déclarations politiques uniques pour des nations entières”. Ce genre de propos ne sont que des caricatures (ou homme de paille) de véritables arguments à apporter au Big Pharma. Surtout que cet homme de paille fait complètement l’abstraction du fait que ce ne sont pas les scientifiques qui dictent les mesures politiques, n’en déplaise à la rhétorique des auteur.ice.s. Pour s’en convaincre, il suffit de lire les données des études qui sortent  et disponibles gratuitement en ligne et de voir les mesures politiques prises par la suite.Mais le pire dans cette partie est surement le “méthodes ésotériques”. Cela laisse entendre que les scientifiques sont en train d’improviser au fur et à mesure sans savoir ce qu’iels font, ce qui est une ineptie. Si cela est vrai pour les politiciens, cela fait depuis 1980 qu’il y a de plus en plus de pandémies, que depuis 5 ou 10 ans les épidémiologistes attendent “la grosse pandémie” et qu’iels ont préparé pleins de mesures pour l’occasion (1). Mais les états ne les ont pas appliquées correctement pour ménager le capitalisme et l’économie (et la ré-élection de ses dirigeants). Et voila qu’on rejette la faute sur tout le monde sauf les principaux responsables : le Capitalisme pour avoir réduit  les distances entre humain.e.s et la biodiversité à cause de la surexploitation des ressources (ce qui crée les pandémies) (2) et qui a grandement réduit les distances entre les pays (ce qui permet une propagation rapide des virus) et les états qui prennent des mesures inadaptées en écoutant à moitié les études faites pour satisfaire l’économie. Ce qui fait qu’on a des mesures semi rigides qui sont appliquées sévèrement par la police, ce qui ajoute à la frustration de tous.tes. On nous force à travailler en présentiel, à fréquenter nos collègues, mais pas notre famille ni nos ami.es… ce qui est ridicule sur tous les plans.


Le plus “drôle” dans l’histoire c’est que la majorité des épidémiologistes s’accordent sur le fait que la Covid n’est que la répétition avant la « vrai » pandémie (3), celle qui aura la possibilité d’entrainer une disruption des chaines de production et l’effondrement de notre société.


Tous les points précédents ne pourraient que prouver un certain parti pris, ce qui est plutôt régulier dans un texte qui s’adresse à des anarchistes. Après tout, nous ne sommes pas imperméables aux théories du complot (4).
Dans la partie “SCIENTIFIQUE”, nous trouvons leurs arguments et les études qui corroborent l’argumentation. Outre le fait que ces arguments sont bien évidement opposables, comme le fait que les hôpitaux n’auraient pas été surchargés (ce qui devrait plaire à nos camarades du secteur médical) nous allons nous intéresser aux sources. L’étude pour contredire le fonctionnement du confinement peut être assez vite contrée par d’autres plus complètes (5), et quand on jette un œil a la méthodologie, iels prennent les USA en “confinement fort”, et iels ne tiennent presque pas compte de si les mesures ont été respectées ou non (USA, Espagne etc..). Mais c’est encore pire que ça en fait. Cette étude est financée par Stanford COVID- 19 Seroprevalence Studies Fund. Ce même Standford qui est à l’origine d’une étude critiquée (ici : https://www.the-scientist.com/news-opinion/how-not-to-do-an-antibody-survey-for-sars-cov-2-67488). Un lanceur d’alerte a fait savoir que cette étude avait été financé indirectement par Jetblue (une compagnie aérienne très anti mesures anti-covid), pour aller dans leur sens…(article Buzzfeed mais tant pis : https://www.buzzfeednews.com/article/stephaniemlee/stanford-coronavirus-neeleman-ioannidis-whistleblower). Et là on remarque qu’un certain John Ioannidis était le directeur de cette étude financée par Jetblue.Nous vous le donnons en mille : qui se retrouve dans l’étude qui “prouve” que les confinements ne fonctionnent pas ? John P. A Ioannidis et Eran Bendavid, aussi membre de la précédente étude. De plus Eran Bendavid est apparu sur le podcast de Tony Robbins au côté de Michael Levitt, prix Nobel de Chimie, qui a fait un bon nombre de mauvaises prédictions à propos du Covid19 sur la dernière année, notamment que l’Irlande n’aurait pas de seconde vague ou qu’il serait surprenant qu’Israël ait plus de 10 cas. Prédictions fantaisistes qui ne se sont jamais concrétisées (le podcast en question : https://www.tonyrobbins.com/podcasts/covid-19-facts-from-the-frontline/). Dans ce podcast de 2h38 de Mars 2020 on y entend des arguments récurrents des anti confinements comme la diminution de l’impact de la Covid au profit de l’économie, des informations erronées sur les méthodes de détection du virus etc… Nous pouvons aussi y retrouver l’ex sénateur républicain du Minnesota Scott Jensen, qui fut plus tard poursuivi  par le Minnesota Board of Medical Practice pour « conseil médical imprudent » pour des propos tenus sur Facebook et pour une interview faite le 7 Avril 2020 où il prétendait avoir reçu l’ordre de grossir les chiffres du nombre de victimes de la Covid dans son état. Il a aussi laissé planer le doute sur certaines subventions que recevraient les hôpitaux par personne qui serait déclarée morte de la Covid. Aucun élément tangible ne permet à ce jour de confirmer ce genre de propos. Dr. Dan Erikson et Dr. Artin Massihi sont aussi présent autour de la table, tous deux ayant participé à des conférences qui on été grandement critiquées par la communauté médicale : « Ce que font ces médecins, c’est corrompre le processus dès le départ pour donner l’impression qu’ils font une analyse politique honnête », a ajouté M. Noymer, qui est professeur associé en santé de la population et en prévention des maladies à l’université de Californie, à Irvine. » (6) Bref ! Ce podcast est un panel de personnes aux motivations douteuses, ce qui en fait une mine d’or d’arguments fallacieux et conspirationnistes 
Bon ! Nous pourrions éventuellement dire que c’est un malentendu, un hasard ou un quiproquo. En effet il y a des mini débats autour de certaines de ces histoires qui peuvent mettre le doute. Une chose est sûre : l’étude précédente de John Ioannidis et Eran Bendavid s’est faite démonter par les autres professionnels du milieu : « L’étude a consterné les épidémiologistes qui ont déclaré que ses tests étaient imprécis et ses méthodes négligées“ (7)(8). Pas assez de données et études faites pour coller à leurs vues… comme l’article ici présent : la recherche de “vérité” n’est faite que dans le sens qui confirme le biais. Le simple fait que parmi TOUTES les études disponibles, dont bon nombre réfutent ces points même en partie, les auteur.ice.s aient pris celle-là est plutôt parlant.


Nous n’allons surtout pas nous attarder sur le fait que la deuxième étude qui est citée vient de Frontiersin, qui est un journal avec une réputation d’accepter tout et n’importe quoi et qui a suscité beaucoup de controverses (des articles antivax, des éditeurs qui cherchent à interférer avec les études…) « Selon Allison et James Kaufman dans le livre Pseudoscience de 2018 : The Conspiracy Against Science, « Frontiers a utilisé un logiciel interne de gestion des revues qui ne donne pas aux évaluateurs la possibilité de recommander le rejet des manuscrits » et que le « système est configuré de manière à rendre presque impossible le rejet des articles« .


La dernière étude est juste une critique de l’inefficacité d’adaptation du capitalisme et des services de santé privés. Les retards (surtout aux USA… ) c’est parce que justement les hôpitaux sont surchargés, contrairement à ce que soutiennent les auteur.ice.s au début.
L’article du American Scientist est en plus tronqué, car les citations sont faites pour correspondre à une rhétorique qui leur convient. Ils citent juste assez pour faire croire que la division entre les scientifiques à propos des confinements est de 50/50 : « Dans la lutte contre le Covid-19 d’aujourd’hui, la communauté scientifique mondiale est divisée. D’une part, certain.es penchent fortement en faveur d’interventions de santé publique actives et parfois même draconiennes, comprenant l’arrêt généralisé des activités non essentielles, la prescription de masques, la restriction des déplacements et l’imposition de quarantaines. D’un autre côté, certains médecins, scientifiques et responsables de la santé publique remettent en question le bien fondé de ces interventions sanitaires en raison des grandes incertitudes qui persistent quant à leur efficacité, mais aussi de preuves de plus en plus claires que de telles mesures peuvent ne pas fonctionner dans certains cas, voir causer des dommages nets. Alors que les gens sont mis au chômage en conséquence directe des fermetures temporaires et que de plus en plus de familles se retrouvent incapables de payer leur loyer ou leur nourriture, il y a eu une forte augmentation de la violence conjugale, de l’itinérance et de la consommation de drogues illégales. » En fait la majorité recommande des mesures plutôt drastiques, comme précisé plus bas dans le même article : « Les deux côtés de la guerre COVID-19 sont illustrés par deux documents, le Mémorandum John Snow et la Déclaration de Great Barrington, qui ont été mis en ligne en octobre. Le premier représente la position majoritaire, qui soutient des mesures strictes pour limiter les contacts et les mouvements humains dans tous les domaines. […] La Déclaration de Great Barrington, la position minoritaire, préconise une « protection ciblée », permettant à des individus plus jeunes et en meilleure santé de continuer à vivre, à travailler et à aller à l’école, tout en visant des mesures de protection plus importantes pour les plus vulnérables au virus – les personnes âgées, les personnes placées en institution et les autres individus à haut risque. C’est en Suède que cette approche a été le plus largement utilisée« . La Suède est bien connue pour avoir manqué sa réponse au Covid et l’avoir admis (avant d’appliquer des confinements).


Nous en venons à un point important ici : c’est exactement le principe de la fabrique du consentement utilisé par les industries (les clopes qui ne tuent pas, l’amiante qui est bien, et surtout le réchauffement climatique qui n’existe pas tant que ça). Ce sont des capitalistes qui veulent insuffler le doute dans l’esprit des gens.tes pour qu’iels puissent continuer à vendre leurs marchandises, en nous faisant croire au fameux 50/50 au niveau de la science (alors que ce n’est clairement pas le cas). C’est dommage que des anarchistes tombent dans le panneau alors que des critiques de la gestion capitaliste et étatique de la crise du Covid pourraient être nombreuses et solides. À vrai dire on dirait la prise en compte des sujets écologiques : les scientifiques observent un problème, trouvent la source et soutiennent que si on enlève la source on enlève le problème, et en parlent aux politiciens. Les politiciens se tournent vers les patrons et leur électorat et essayent de marchander pour trouver un juste milieu. Le problème c’est que pour l’écologie (ou la santé) il n’y a pas de juste milieu… C’est soit nous réagissons soit on se prend le dit problème. La Covid, c’était soit on le stop soit on prendra des variants plus terribles (et on voit où on en est). Depuis Juin-Juillet 2020 les papiers scientifiques, et des articles de presse parlent d’apparitions de variants et des dangers que ceux-ci représentent… Et les décideurs n’ont prit AUCUNE décision depuis. L’opinion publique n’est pas en capacité de mettre la pression sur les dirigeants à cause d’études comme ça qui insufflent un vent de doute dans le seul but de faire soutenir la rhétorique de patrons d’entreprises. En effets il y a des nuances à apporter sur certains points d’après de nouvelles études mais ça ne renie en rien le reste.


Il y a bien des études et des arguments à apporter, et bien sûr il faut continuellement tout vérifier au possible, mais ce genre de critique pro capitaliste, sans s’en rendre compte (ou pas telle est la question) c’est terrible parce que ça empiète sur la diffusion d’informations essentielle à la prise de décision de la population.Le texte parle du fait que c’est aux gens.tes elleux-même de faire leur propre avis en connaissance de cause. Mais comment voulez vous le faire quand les vrais infos sont noyées dans des flots d’infos inutiles ou contradictoires ? (en sachant que la contradiction est là pour insuffler un vent d’inaction). C’est dommage iels en parlent là : “Le confinement prolongé et les couvre feux sévères ont intéressés beaucoup de gens au danger que présente le Covid-19, sans pour autant que la menace que représente le virus puisse être réellement comprise. “Et c’est vrai. Mais en exemple iels prennent John P. Ioannidis en citant une de ses études (qui en fait n’en est pas une, c’est un billet d’opinion fait le 17 Mars) au tout début de la pandémie : https://www.statnews.com/2020/03/17/a-fiasco-in-the-making-as-the-coronavirus-pandemic-takes-hold-we-are-making-decisions-without-reliable-data
L’article du Scientific American fait un constat : c’est dur d’aller à l’encontre de la majorité dans le cas de  Covid. Mais il faut aussi prendre en compte que certaines études ne sont pas sérieuses et n’ont pas leur place dans le processus de décision, n’en déplaise au Pr. Raoult, au Pr. Henrion-Claude et Sud Radio. Ce n’est pas parce qu’on apporte un argument ou une étude qui va a l’encontre de la majorité qu’on a raison.


En comprenant les points plus hauts, certains arguments deviennent soudainement beaucoup plus visibles dans leur biais :
Nous pensons qu’il est nécessaire de préciser qu’un nouveau coronavirus n’est pas quelque chose qui serait détecté immédiatement par les médecins ou les chercheurs lors de sa première transmission d’animal à humain. Étant donné que les coronavirus sont courants et parce qu’ils induisent des symptômes similaires (en plus d’avoir une évolution des symptômes similaire à d’autres formes de virus respiratoires) et que le SRAS-COV-2 n’est pas symptomatique chez un tiers des personnes qui le contractent, il ne serait pas étonnant qu’il circulait sur la Terre avant que quiconque ne sache qu’il fallait le chercher.
Argument de complotiste assumé et totalement illogique : si un virus capable de tuer plus de deux millions de personnes en un an était présent depuis longtemps, on l’aurait vu et séquencé.Et plus on connait la réponse : « La phylogénétique estime que le SRAS-CoV-2 est apparu en octobre ou novembre 2019″(9). Et dans un monde hyperconnecté où on fait le tour du monde en 24h, on peut bien évidement comprendre que le virus était partout au moment où il a été découvert en Décembre 2019 en Chine… Cela rejoint l’argument anti capitaliste fait plus haut.
On y trouve aussi des choses plus ou moins bien dans la conclusion : 
Dans le paradigme actuel, l’État et ses experts technocratiques sélectionnés filtrent les données disponibles et ne mettent en évidence que ce qui soutient les décisions politiques qu’ils ont déjà décidé de mettre en œuvre sans aucune considération de l’opinion publique.”


AUCUN gouvernement ne veut du confinement. C’est très clair au niveau des décisions prises, c’est très clair au niveau des enjeux économiques, c’est très clair au niveau de leurs désirs de ré-élection… Alors pourquoi faire comme si ? L’Etat, pour se transformer en organe fasciste, n’a clairement pas attendu la pandémie. La majorité des lois passées contre les opposants ne datent pas de 2020… C’est surtout le fait que les mesures prises ne sont pas en phase avec ce qui est nécessaire pour faire disparaitre la Covid, et en même temps que l’État fait appliquer ses mesures en demi-teinte très sévèrement qui crée le problème de départ. Le filtre dont il est question là ne les dérange que parce qu’il coupe en partie la propagation de leurs idées conspirationnistes, pas parce que cela nuit aux libertés individuelles.
“des crimes massifs contre l’humanité”.
Vous savez qui utilise ce genre d’expression? L’antivax allemand pseudo “Dr” Fuellmich, qui voulait faire une “class action lawsuit” contre les gouvernements dans le but de mettre sur le même pied d’égalité la vision antivax et science sur un terrain législatif au niveau international. Nous le savons car certains camarades on fait un débunk complet de la vidéo d’annonce (en anglais). 
Ce passage laisse certains d’entre nous perplexes : « En tant qu’anarchistes, l’autonomie de notre esprit et notre corps est une valeur essentielle. Nous estimons que les êtres humains sont suffisamment intelligents pour décider eux-mêmes comment évaluer leur environnement et déterminer comment avancer dans la vie en répondant à leurs besoins et désirs. “L’intelligence ce n’est pas un savoir immense et des facilités en maths. L’intelligence c’est le pouvoir d’adaptation dans un contexte, nous sommes bien d’accord. Mais pour pouvoir s’adapter, nous devons savoir lire et comprendre notre environnement pour prendre de bonnes décisions. Pour prendre de bonnes décisions il faut de bonnes infos… que nous n’avons pas à cause du doute créé par les entreprises, et les gens.tes qui tombent dans le panneau et abreuvent les réseaux de “contre-infos”, au point que nous avons tous.tes le doute sur pleins de sujets qui sont totalement avérés par la science ou atteignent le consensus.


Un bon passage du texte pourrait être celui là : “La science est un outil qui permet d’éclairer l’humanité par l’élucidation des mécanismes de cause à effet. C’est un processus de découvertes. Ce que nous faisons avec cette illumination, comment nous menons notre vie avec les informations découvertes, dépend de nous, en tant qu’individus et communautés.” Ce qui est en partie vrai, mais pour pouvoir le faire nous devons être dans un monde sans interférence politique et capitaliste. Car c’est ça le problème ici : les bâtons dans les roues de l’information mis par des gens.tes qui ont des intérêts financiers, et c’est très clairement une critique que l’on peut apporter en temps qu’anarchiste. Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter une autre interview qu’a fait le Dr. Alan Preston, un des protagonistes du podcast dévoilé plus haut : « Vous ne voulez pas que le remède soit pire que la maladie elle-même, ce n’est pas la direction que nous voulons prendre. Et malheureusement, certaines des choses que vous [l’interviewer] mentionnez, peuvent faire valoir le très bon argument selon lequel le remède est pire que la maladie elle-même. Donc, le remède qui consiste à faire en sorte que tout le monde reste à la maison, et le remède qui consiste à fermer des entreprises afin de sauver des vies… ce n’est pas pour dire que les vies ne sont pas importantes mais, bien sûr qu’elles le sont, mais nous pouvons avancer cet argument pour toutes sortes de décès.  Nous ne pouvons tout simplement pas, en tant que société, fonctionner en voulant atténuer tout cela. Cela n’arrivera pas.Je vais maintenant parler du chômage, probablement la situation la plus unique que nous ayons jamais connue aux États-Unis de ce point de vue. Beaucoup de gens sont aujourd’hui beaucoup mieux payés en tant que chômeurs qu’ils ne l’auraient été si la loi Care Act n’avait pas été adoptée. Pourquoi dis-je cela ? Parce que dans les bureaux d’états de recherche d’emplois , il n’est pas rare que, lorsque vous déposez une demande, vous obteniez jusqu’à 50 % de votre revenu. Mais à cause de la loi Care Act et de certaines des conciliations financières qui ont été accordées à ces personnes ce ne sont, pas toutes, mais certaines d’entre elles, qui touchent jusqu’à 150 % de leurs revenus [inaudible]. Alors, je veux dire, réfléchissez à cela. Ces personnes ne sont pas désespérées au point de dire : « Mon Dieu, il faut que je retourne travailler parce que je touche cent cinquante pour cent, et je peux le faire pendant 26 semaines, six mois […] » (10) C’est une remarque partiellement fausse d’une part, et complètement capitaliste d’autre part, d’une personne privilégiée qui sur un ton méprisant nous dit que faire mourir de la Covid une partie de la population c’est moins important que l’économie des entreprises. Et c’est quand même bien dommage que ces employé.e.s ne soit pas assez « désespéré.e.s » pour retourner à leur travail ! Qui va nous servir maintenant? Et des anarchistes se basent sur ce genre de personnes et d’arguments ? Soyons sérieux un moment ! De notre point de vue, si une personne qui travaille gagne moins que si elle était au chômage, cela veut dire que les salaires sont beaucoup (beaucoup !) trop bas pour vivre correctement. A-t-on besoin de le faire remarquer ?


Le monde dans lequel nous vivons n’est pas fait pour favoriser les prises de décisions. La Covid en est un exemple parfait, et ça rejoint aussi notre réponse écologique : nous n’avons pas le temps de savoir alors nous laissons faire les autres (qui font sans savoir apparemment). Si nous avions toutes les infos scientifiques précises, si nous étions collectivement capable de les comprendre correctement sans les déformer (comme fait dans l’article), on suivrait plus facilement la marche et ça irait dans le sens de “l’objectif commun”, parce que oui, l’objectif du bien-être de tous.tes passe par des mesures drastique sur notre vie personnelle. Ce n’est pas nous qui l’affirmons c’est la majorité des scientifiques qui savent de quoi iels parlent et qui n’ont aucun intérêt à enfermer les gens.tes chez elleux pendant plus d’un an. L’État est hors de propos dans ce choix personnel : celleux qui ne veulent pas mettre de masque ne se privent pas de ne pas le mettre. Celleux qui veulent se confiner se retrouvent dans la catégorie “des vendus” selon les auteur.ice.s de ce texte. Le dernier point c’est que, le problème ce n’est pas l’Etat et ses penchants fascistes (vu qu’ils sont toujours présents), c’est le fait qu’on fasse passer une décision logique pour une décision politique.
La critique anarchiste du Covid ce n’est pas dans la réponse à comment les gens.tes y réagissent (anarchiste ou pas) quand iels ont les bonnes infos, c’est la critique envers les réponses qu’ont apporté les capitalistes et les états : des “contre-infos” qui sèment le doute pour continuer leurs bénéfices. des décisions sans queue ni tête, voir pas de mesure. la réponse sociale que ces deux entités gouvernantes y ont apportées. le mépris qu’iels on eut pour la  vie des membres des classes les plus pauvres pour maintenir leurs privilèges. Et beaucoup d’autres sujets. Le Capitalisme et l’Etat, en plus d’être responsables de la pandémie (indirectement) n’ont rien apporté comme solution. C’est à nous autres anarchistes d’apporter l’argument que sans des interférences de ces deux entités, la crise serait déjà derrière nous.Comment? Déjà en expliquant que sans capitalisme, la probabilité d’une pandémie est moindre (respect de la biodiversité, moins de besoins de transports rapides etc). Que même si cela arrivait, personne ne serait là à pousser le doute pour ses bénéfices personnels. Que la propagation et la diffusion d’informations essentielles se ferait plus rapidement (pas d’interférences). Que grâce à une éducation adaptable qui permettrait à chacun.e de, si ce n’est comprendre, au moins avoir accès à une vulgarisation permettant de prendre soit même les bonnes décisions. Que les communautés (quartier, ville, travail, etc) seraient capables de prendre les décisions elles-mêmes en commun, sur comment adapter les recommandations à leur environnement personnel. Et bien évidement pas de personne laissée sur le bas-côté de la société.

Que pouvons nous retenir de tout ça ?
Premièrement, que nous ne sommes pas, malgré tous nos efforts, insensibles aux manigances capitalistes. Il est important de le reconnaitre et de l’accepter, car cela nous permettra de mieux cerner ces outils rhétoriques et de propagandes si nous y faisons attention. 
Deuxièmement, que toute critique de l’Etat ou du capitalisme n’est pas de fait une bonne chose. En effet, utiliser une argumentation lacunaire ou des théories douteuses ne feront que donner du poids à nos adversaires politiques et nous déstabiliseront. Entendons nous bien sur le fait que le débat est primordial, saint, et nécessaire dans tous les cas dans une société libre, mais que le débat a de plus en plus tendance à devenir des opinions contre des faits, plutôt que des opinions sur comment gérer les faits. Observer les données, admettre ses erreurs et modifier son discours en fonction si besoin, est une meilleur façon d’aborder les choses et de s’adapter à des situations comme celles présentes ici. 
Troisièmement, il faut bien se rendre compte que les biais de ce genre ne servent que les intérêts des capitalistes et des états. Maintenant que nous avons des vaccins disponibles, ceux ci vont s’empresser de tout ré-ouvrir, de faire comme si de rien n’était et de laisser le problème de base latent. Le capitalisme est toujours là, il s’impose dans de nouveaux recoins, et la réponse des anarchistes n’est pas présente, trop occupé.es que nous sommes à vérifier le faux du vrai dans les miettes d’informations choisies que nous donnent ces mêmes capitalistes. Pendant ce temps, nos efforts ne sont que des coups d’épée dans l’eau. Les classes prolétaires et pauvres le sont de plus en plus et sont de plus en plus divisées politiquement, les riches sont de plus en plus riches et unis grâce aux bâtons qu’ils placent dans les roues de l’information libre et fiable, et de l’accès à la connaissance. Participer à la mise en place de ces bâtons dans le système n’est pas notre rôle. Nos lutes se dirigent vers l’économie, le patriarcat, le pouvoir, et les fascistes, racistes, homophobes, et autres mouvements qui permettent la division du prolétariat au profits des puissants.


Il faut aussi faire une critique de notre manière d’appréhender et de transmettre les informations. De toute évidence John Ioannidis, Eran Bendavid et Michael Levitt (entre bien d’autres) avaient tous un avis sur la question de la Covid dès Mars 2020 quand ils tentaient de diminuer les faits dans le but de “relativiser”. Ils étaient donc biaisés avant même de faire leurs études, qui comme par hasard vont dans leur sens. Le fait qu’ils soient renommés (voir qu’ils aient obtenu un prix Nobel) n’est pas une protection contre l’erreur et le biais personnel. Si c’est la preuve de quelque chose c’est qu’il ne peut y avoir d’idole, ou de personne avec un tel pouvoir en science au même titre qu’en politique ou dans quoi que ce soit d’autre. Il parait assez ridicule que nous ayons à le signaler à des anarchistes… Enfin l’esprit critique qui nous a habitué à nous opposer constamment à la doxa viciée du monde dans lequel nous vivons ne doit pas devenir une posture indépendante des faits et des circonstances qui changent. Protéger les personnes les plus vulnérables de nos communautés et s’entraider en passant par des restrictions que l’on s’auto-impose non pas pour obéir aux lois et à l’Etat mais parce que les conditions l’exigent est un acte solidaire et pas une quelconque ignorance aveugle de « moutons qui suivraient le troupeau ». Même les animaux en troupe ou en meute resserrent les rangs pour protéger les plus âgé.e.s ou à risque lorsque cela permet de les sauver.


Nous finirons avec les mots de Malatesta, car il résume excellemment bien la situation : « La liberté que nous voulons, pour nous-mêmes et pour les autres, n’est pas une liberté absolue, métaphysique et abstraite qui, dans la pratique, se traduit inévitablement par l’oppression des faibles ; mais c’est une liberté réelle, une liberté possible, qui est la communauté consciente d’intérêts, la solidarité volontaire.« 

SOURCES :
1 https://www.ft.com/content/2a80e4a2-7fb9-4e2c-9769-bc0d98382a5c
2 https://www.nature.com/articles/d41586-020-02341-1
3 https://khn.org/news/infectious-disease-scientists-preventing-next-pandemic/
4 https://core.ac.uk/download/pdf/193590867.pdf
5 https://link.springer.com/article/10.1007/s40258-020-00596-3#ethics
6 https://www.mercurynews.com/2020/04/29/dubious-coronavirus-claims-by-california-doctors-condemned-by-health-experts/
7 https://en.wikipedia.org/wiki/John_Ioannidis)
8 https://twitter.com/mlipsitch/status/1252782018968109057
9 https://en.wikipedia.org/wiki/Coronavirus_disease_2019
10 (vers 48 min) https://themodelhealthshow.com/alan-preston-epidemiology/

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